Femmes-jardins: première linogravure

Ma formation à l’Atelier du Silence se poursuit, et d’une machine à l’autre, je deviens de plus en plus autonome (sans l’être pleinement encore, dois-je admettre). Vendredi dernier, j’ai travaillé à ma première impression de linogravure. Pendant les trois semaines précédentes, je m’étais refamiliarisée avec le médium et j’avais sculpté ma première plaque. L’objectif de la séance de cette semaine, c’était d’en faire un petit tirage, en y intégrant également du texte afin de voir de quelle manière les lignes de plomb et les gravures s’agencent et embossent le papier de manière différente.

Les plaques sont creusées avec des outils à graver. J’ai eu la chance d’avoir en main ces outils Pfeil, qui creusent le linoleum comme du beurre, particulièrement après les séances d’affutage quotidiennes.


Ci-dessus, Pierre, tout en patience, monte provisoirement la linogravure sur un bloc (elle y sera collée définitivement plus tard).

La plaque doit être surélevée à la même hauteur que les caractères de plomb afin que le tambour de la presse à imprimer (sur lequel est fixé le papier) les atteigne uniformément.

Au départ, j’avais en tête d’utiliser une encre mauve, et nous en avons créé une à partir des encres à imprimer, afin de procéder aux tests. Les encres d’imprimerie sont extrêmement épaisses et collantes. Celles utilisées à l’Atelier du silence sont à l’huile, et des solvants écologiques sont utilisés pour nettoyer tous les outils au terme de la journée.

Sur la photo ci-dessous, on voit en rose et en brun les autres plaques sur lesquelles j’ai travaillé, et qui m’ont servi à mieux comprendre les mouvements de la main et la vision en miroir nécessaire à l’impression artisanale. Ces plaques ne valaient pas la peine d’être imprimées, mais elles ont été absolument nécessaires à la réalisation de la gravure principale.

La presse à imprimer est utilisée pour effectuer des tests de pression. À cette étape, il n’est pas nécessaire de fixer la plaque à l’aide d’aimant car l’angle d’impression est sans importance.

Ensuite, chaque épreuve est observée à la loupe afin de repérer les irrégularités du dessin et les traces involontaires sur la plaque. De nombreuses périodes de gravure sont nécessaires afin de nettoyer le fond. Il aurait par contre été possible de découper la plaque et de simplifier cette étape, mais comme j’apprends toujours à manier ces nouveaux outils, l’exercice de nettoyage était en soi très formateur.

On ne le voit pas ici, mais j’ai ensuite composé la ligne de plomb exactement comme je l’ai expliqué il y a trois semaines. La presse a été montée avec les aimants, et d’autres tirages tests ont été crées pour vérifier à la fois l’alignement de l’image et du texte et le choix de la couleur.

Comme le texte parle de jardin, et que le visage de la femme est couvert de fleurs, nous avons pensé imprimer en vert. En voyant le résultat, l’écho avec le logo de Starbucks était si fort que ça m’a semblé absurde de poursuivre dans cette voie.

Le problème, c’est que le rouleau encreur était déjà enduit de vert, et la presse à imprimer, prête à faire son travail. Pour remédier à la situation, nous avons tergiversé et décidé d’ajouter du rouge à l’encre, pensant la tirer vers le brun. Cependant, c’est plutôt un pigment gris, moins dense que du noir mais tout de même foncé, qui est apparu au terme du mélange. Pour un futur tirage, j’espère explorer un peu mieux la couleur, mais je demeure très fière du résultat.

J’ai ensuite procédé au tirage (pendant que Pierre, d’une patience infinie, ramassait tout le désordre que j’avais fait dans son extraordinaire atelier).

« Femmes: jardins de sillons et crevasses » a été tiré en 50 exemplaires, sur papier Byronic-200M, un papier qui ne se fabrique plus aujourd’hui, mais dont l’Atelier du silence a fait des réserves il y a longtemps. Voici le résultat final (qui ne présente pas très bien la couleur, mais vous donne tout de même une idée…).

Si jamais ce tirage vous intéresse, il est disponible sur ma boutique en ligne, et les montants récoltés serviront à financer l’achat de l’équipement de linogravure.

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