L’Atelier du Silence

Depuis le mois de février, je suis une formation en impression artisanale auprès de l’éditeur et artisan typographe Pierre Filion, fondateur de l’Atelier du Silence et des éditions du Silence. Cette expérience est d’une richesse inouïe et je me sens extrêmement privilégiée que Pierre ait envie de me transmettre ce savoir.

Hier, c’était la première fois que je menais un projet personnel sur les machines, que je connais maintenant bien. J’avais envie de partager avec vous les étapes de la création d’une strophe en impression artisanale, afin que vous puissiez vous aussi retrouver l’extraordinaire matérialité du texte.

L’atelier du Silence.

Le lieu compte des centaines de tiroirs de caractères à la casse, de matrices en laiton et de lettres de bois, trois presses Vandercook, des presses à eaux-fortes, une machine Ludlow (dont je vous parlerai ci-après), un massicot, et tous les outils possibles et imaginables pour la reliure et la gravure.

Choix typographiques

En prévision de l’impression, la première étape est de choisir une typographie. J’ai retenu, pour le texte principal, la police Eusebius, de taille 18, qui donne un côté un peu ancien au texte, comme s’il était sorti d’un livre de contes. Pour la lettrine, j’ai choisi le E de la typographie Caslan, en taille 84.

Préparation des lignes de plomb

Dans un premier temps, chaque matrice de laiton est assemblée en vue de l’impression de la ligne de plomb. Sur les photos ci-dessous, vous votez la ligne telle que le typographe la voit, puis à l’envers, où le plomb sera coulé.

Le plomb est coulé grâce à une machine Ludlow. La matrice est insérée au centre du mécanisme et la ligne de plomb ressort sur la plaque de métal, en bas.

À leur sortie de la machine, les lignes de plomb sont échevelées, elles sont entourées de dépôts de métal qu’il faut brosser. Ici, la nouvelle ligne n’est pas propre, mais celle au-dessus a déjà été nettoyée.

Préparation à l’impression

Les lignes de plomb sont ensuite fixées sur la presse grâce à un système d’étaux et d’aimants. Des bandes de métal vierges servent à espacer les lignes et à maintenir la solidité de la composition.

Des tests sont ensuite réalisés afin de vérifier que la composition est adéquate. Ici, dans la première version, un espace supplémentaire avait été ajouté au-dessus de la lettrine, mais cela créait un décalage. Un deuxième test a donc été nécessaire afin de valider les transformations effectuées sur la composition.

Une première version est finalement tirée. Comme il s’agit d’une formation et que l’objectif était de faire des tests, nous avons ensuite explorer différentes méthodes d’encrage pour la lettrine, et le tirage final, ci-dessous, permet d’observer la diversité des résultats.

Retrouver cette matérialité du texte, penser les mots dans le rapport très concret qu’ils entretiennent avec les matières – le plomb, le laiton, le papier, les encres, le bois –, en observer les machines et la mécanique, l’ingénierie, permet de ressentir l’écriture d’une manière différente, toute en textures et en sensations.

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PROJET SUBVENTIONNÉ PAR LE

WILHELMY.AUDREE@OUTLOOK.COM