Le grand écart

Bien que tout soit pareil dans l’ordre de mes jours, ma vie a probablement subi l’un de ses plus grands et plus formidables changements ces derniers mois. Après avoir travaillé pendant quinze ans du côté de la littérature (tout en maintenant une pratique artistique parallèle, à travers la photographie, le dessin et la peinture), j’ai obtenu coup sur coup deux financements importants, l’un du Conseil des arts du Canada, l’autre du Conseil des arts et des lettres du Québec, pour me consacrer à des projets qui ont certes la littérature en leur coeur, mais qui la dépassent aussi, qui la poussent dans des voies inespérées. 

La première bourse, du programme «Du concept à la réalisation» du CAC, m’a été attribuée pour la création d’un livre d’artiste à propos d’un quintette de soeur, les filles Siu, rencontrées dans Blanc Résine. Le jeu entre le travail artistique et le texte (qui doivent se faire écho et se répondre, sans être des illustrations directes l’un de l’autre) ouvre des possibles jusque là inexplorés pour moi. 

La deuxième bourse, du programme de «Développement numérique du CALQ», m’a été octroyée afin de poursuivre mon travail sur l’Atelier, de financer d’autres écrivaines pour qu’elles abordent leur propre pratique dans la section «Exercice de vulnérabilité», mais aussi, particulièrement, pour créer des capsules documentaires portant sur les métiers mécaniques du livre (typographie, imprimerie, gravure, reliure, papeterie). Cette ouverture vers la vidéo documentaire m’emballe immensément. 

Au coeur de ces deux projets: l’apprentissage de nouvelles techniques, de nouveaux procédés. Imprimer sur des presses de plus de 100 ans, fabriquer son propre papier, sculpter des dessins dans le linoléum, filmer en stabilisant l’image, enregistrer des pistes audio suffisamment claires pour créer des capsules de qualité: je dois comprendre et maîtriser des langages aux antipodes les uns des autres. Le très mécanique et archaïque d’un côté, le très numérique de l’autre. 

Ce grand écart formel a pourtant tout son sens dans mon parcours, et c’est probablement ce qui m’enchante le plus: je ne me suis jamais autant sentie sur mon X qu’en ce moment où tout est à découvrir, où les idées comme les projets bouillonnent. Dans les prochains mois, je vous entraînerai donc avec moi dans des sphères à la fois numérique et archaïque, en espérant vous inspirer et vous faire découvrir des métiers perdus. 

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PROJET SUBVENTIONNÉ PAR LE

WILHELMY.AUDREE@OUTLOOK.COM