Quand je lui ai parlé de la subvention que j’ai obtenue pour documenter la rédaction de mon prochain roman, mon père m’a tout de suite parlé d’un phénomène scientifique qui soutient que les instruments de mesure utilisés lors d’une expérimentation altèrent la mesure qu’ils prennent. Par exemple, un thermomètre a sa propre température et vient, au moins temporairement, modifier la température de l’élément que l’on tente de mesurer. Ces altérations sont microscopiques, mais elles sont bien présente et une expérimentation bien menée doit en tenir compte dans sa marge d’erreur.
Je paraphrase l’ensemble, et ni lui ni moi ne nous souvenions du nom du théorème. Il a avancé qu’il s’agit du Principe d’incertitude, mais en toute franchise, je serais bien en peine de le confirmer, car l’explication dudit principe, même soigneusement vulgarisé par Wikipedia, me semble abstraite au possible.
Cela permet tout de même de prendre avec un grain de sel l’exercice auquel je me propose de me livrer dans les prochaines années. D’une certaine manière, il est biaisé d’avance. Plonge-t-on dans la lecture d’un livre de la même manière quand on sait qu’on va écrire à son sujet? Dessine-t-on les mêmes choses, sur les grandes pages blanches des cahiers, quand on sait qu’il nous faudra ensuite les numériser, les diffuser, en faire un objet partagé? Peut-on entreprendre l’écriture d’un roman sans prendre en compte une contrainte aussi importante que la documentation, en temps réel, de son processus d’écriture? Bien sûr que non.
J’espère parvenir à partager ici les étapes de rédaction d’un roman de la manière la plus transparente possible, mais l’exercice de documentation à proprement parler viendra nécessairement teinter le projet, et il me tarde de découvrir de quelle manière l’objet final en sera transformé.
Je vous espère nombreux à échanger, à réfléchir avec moi et à pousser plus loin la réflexion, car ce dialogue ouvert sera certainement l’occasion de transformer le projet, de lui donner une couleur nouvelle. Je vous réserve toutes sortes de surprises, des invités, des voyages immobiles. En attendant de vous lire, je vous laisse sur la scène fondatrice de ce projet d’écriture, que vous pouvez consulter ici.
Très intéressant. Pour ma part, je ne vois pas cela comme un exercice biaisé, mais plutôt comme un exercice qui portera les effluves du monde pour donner à voir un autre monde.
C’est vrai qu’il y a ce chevauchement de deux réalités. Et aussi, le fait que l’écriture, de toute façon, est toujours modulée par ce qui l’entoure. Que ce soit ce projet ou autre chose, il est certain que des éléments externes l’auraient «contaminé» de toute façon…