Rompre les solitudes

En ces temps qui nous tiennent sous une chape épaisse de langueur, de fatigue, de vague dégoût, j’ai eu envie de retrouver la dimension relationnelle de l’écriture, celle qu’on ressent hors les murs, dans les salons du livre, les rencontres scolaires et celles en librairies — toutes activités qui me manquent vivement et qui sont autant d’occasions de parler du texte, de sa fabrique, de la littérature.

Plutôt que d’attendre les nombreuses années qui me sont nécessaires à la rédaction d’un livre, plutôt que d’attendre celles que ça prendra avant que notre milieu revienne à un semblant de normalité, j’ai décidé de faire pousser mon sixième roman dans un terreau de photos décolorées, de lectures partagées, de réflexion sur le processus d’écriture, de manuscrits numérisés. L’idée : regagner l’espace du jeu, en retracer les méandres. Longtemps mes romans ont été de grands bricolages, projets de poupées à découper, de lignes du temps illustrées, de cartographies, de langues inventées. Je m’élance ici dans un nouveau carré de sable, virtuel celui-là, et dont la matière se moulera aux besoins du projet, évolutif, libre d’une structure rigide.

Je vous invite dans mon Atelier pour rompre les solitudes de la pandémie; déjouer la lenteur de l’écriture et déjouer aussi l’urgence du numérique; pour cultiver quelque chose comme un jardin et observer de quelle manière une idée en germe s’enracine d’abord puis se met à tiger, et bientôt prend ses aises, s’étire en branches molles puis solides, et devient sans qu’on ne l’ait vu venir, un roman en bonne et due forme, qui fait ses fruits et ses feuilles, qui suit le rythme des saisons et s’inscrit naturellement dans le paysage qui l’entoure. 

Quelque chose comme un jardin

Le nouveau concept de digital garden est une manière pertinente de penser mon « Exercice de vulnérabilité ». 

Digital gardens explore a wide variety of topics and are frequently adjusted and changed to show growth and learning, particularly among people with niche interests. Through them, people are creating an internet that is less about connections and feedback, and more about quiet spaces they can call their own.

Tania BASU. «Digital gardens let you cultivate your own little bit of the internet», dans MIT Technology review.

Ces jardins numériques, qui prennent la forme qu’on veut bien leur donner, proposent une manière plus souple et plus large de penser la création en ligne. Cette question de lenteur, d’ordre à définir et redéfinir constamment, ce lectorat niché, et cette liberté dans la forme: voilà tout ce qu’il faut pour me charmer.  Vous trouverez certes sur le blogue une dimension chronologique, et les curieux intéressés par la critique génétique, ceux que la lente construction du texte intrigue y verront quels chemins prend un livre pour aboutir. Mais les autres, qui s’intéressent tantôt à un recueil de poésie dont j’ai fait la lecture, tantôt à un concept, un mythe qui m’occupe ou m’inspire, auront tout le loisir de papillonner d’un sujet à l’autre, sans crainte de manquer quoi que ce soit. Car l’idée, derrière mon Atelier comme dans mes livres, c’est de proposer des textes qui peuvent être lus indépendamment, mais qui prennent un nouveau sens lorsqu’agencés dans un ordre ou un autre, celui choisi par le lecteur.

Au coeur de mon jardin, cette question bien simple: comment un texte prend-il forme? Quels dédales l’idée suit-elle pour arriver de l’état d’impulsion à l’état de mots, et encore, de mots partagés?

Je prendrai le temps de vous parler plus avant de mon projet de roman dans les prochaines semaines, aujourd’hui l’exercice était plutôt de vous introduire au projet numérique. Il me semble d’ailleurs important de mentionner que ce site est subventionné, pour la première année du moins, par le programme de développement numérique du Conseil des arts et des lettres du Québec. Plusieurs éléments restent à dévoiler, je laisse au temps le temps de se déployer, au site de prendre forme. Pour être tenus au courant de toutes les activités associées à ce projet, vous pouvez vous abonner à la page Facebook que j’ai créée. L’abonnement à une infolettre mensuelle sera également bientôt disponible.

En attendant le plaisir d’avancer dans l’écriture en votre compagnie, je vous souhaite lecture, inspiration et chaleur pour colorer un peu ce drôle de d’automne.

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Pour en apprendre davantage sur les digitals garden, voici quelques sites d’intérêt. Un grand merci à Myriam Daguzan Bernier, à l’origine de ma découverte de ce concept.

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PROJET SUBVENTIONNÉ PAR LE

WILHELMY.AUDREE@OUTLOOK.COM