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C’est une curiosité qui date d’il y a longtemps. Quand j’étais en quatrième année du primaire, mes parents nous ont amenées en Provence, mes soeurs et moi. C’était notre premier voyage outre-Atlantique. Un matin, nous nous sommes retrouvés dans le sentier des Ocres du Luberon, à Roussillon. Quand j’ai compris que le sol sur lequel je marchais servait à faire de la peinture, j’ai été sonnée. Devant mon émerveillement, ma mère m’a donné deux pots de films photographiques pour que je les remplisse de la précieuse terre, même si c’était interdit, et je les conserve encore précieusement.
La passion que je ressens pour tout ce qui concerne le «faire», la transformation de la matière, son changement d’état, n’est pas nouvelle. Déjà lors de ce voyage, mes parents savaient ce qui signifierait cet arrêt pour moi. Bien alimenté, ce plaisir ne s’est pas tari, bien au contraire.
Ce matin, pour calmer la frénésie d’une semaine haute en émotion, je suis descendue dans l’Atelier des Presses du Bûcher pour explorer la teinture des papiers. Lors de l’impression de gravure en taille-douce, les papiers doivent toujours être mouillés. Je me suis donc demandé si certains pigments qui se trouvaient déjà dans ma maison pouvaient servir à vieillir le papier et lui donner une texture et une coloration particulières.
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J’ai d’abord mesuré mes pigments: dans chaque récipient se trouve 1/8t. de pigment. Mon choix s’est arrêté sur les colorants suivants: : safran, curcuma, thé oolong, thé noir, camomille, thé du labrador. J’ai ajouté à chaque pigment 1/3t. d’eau bouillante, et j’ai laissé macérer 30 minutes avant de commencer mes tests. Les textures et l’intensité de la coloration variaient grandement d’une mixture à l’autre.
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Par la suite, j’ai découpé des morceaux de papier identiques, que j’ai mis à tremper 1 minute, 3 minutes et 7 minutes, dans chaque mélange, afin de mesurer la transformation pigmentaire.
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Les résultats sont extrêmement variés. Le thé du labrador dépose à peine un voile printanier sur la page, alors que le curcuma crée des résultats flamboyants, en une minute seulement. Les deux thés, le noir et le oolong, offrent les effets les plus naturels enfin, le safran permet certaines choses que les autres pigments offrent moins naturellement: l’effet fibreux de la plante reste parfois imprégné sur le papier.
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Seule la camomille n’est vraiment pas une option en regard de mes projets. Elle se défait en si petites pellicules qu’il est impossible de nettoyer complètement les feuilles, et les miettes qui restent ne sont pas suffisamment intéressantes, à mon sens, pour contribuer vraiment à l’oeuvre finale.
L’autre élément qui me semble à reconsidérer, c’est la très forte densité de la macération, qui pourrait être problématique dans le contexte de la teinture de grandes feuilles. Je devrai revoir les quantités et vraisemblablement faire des tests différents lorsque viendra le temps d’imprimer réellement. Enfin, il serait aussi possible de filtrer la macération pour éviter certains des dépôts sur les pages, mais je dois dire que j’aime les traces laissées par les feuilles et les fleurs sur le papier. Les irrégularités me plaisent et je vais essayer de trouver des manière de les intégrer de façon plus contrôlée lors de l’impression de gravures. Des recherches avec le sel, et des mélanges de pigments, font aussi partie des prochaines étapes. Aussi, les recherches d’aujourd’hui étaient dirigés vers des tons ocre, mais je veux aussi creuser les verts et les roses, lorsque je recommencerai à avoir des fleurs vivantes dans mes jardins.
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Fascinant.
Greetings! Very helpful advice within this post! Its the little changes that make the greatest changes. Thanks a lot for sharing!